Jean-Claude Chemarin et Christian Léon ont connu un parcours similaire à celui de nombreux jeunes passionnés de sports moteurs au début des années 70. Ils faisaient tous deux partie de ce que l'on appelait alors le "Continental Circus", ce paddock qui se déplaçait d'une course à l'autre, un peu comme une troupe de nomades de la compétition. Le duo gagnait sa croûte grâce aux dotations financières des différents événements et les deux Français transportaient leurs maigres biens dans un petit bus, qui leur servait à la fois de maison et de garage pour leurs motos de course. C'était une vie difficile, les conflits avec les requins d'organisateurs de courses concernant les primes n'étant pas rares. Mais cette adversité obligeait les pilotes à faire preuve de solidarité. Et cela les avait endurcis pour la suite de leur carrière : les courses d'endurance, de véritables épreuves titanesques. Chemarin et Léon n'ont pas réussi à s'imposer en tant que pilotes d'usine sur les Grands Prix. Mais Honda France, en tant qu'équipe d'usine officieuse, a fait appel au duo, en 1976, pour le Championnat d'Europe d'endurance, le précurseur du Championnat du monde.

En 1976, Chemarin et Léon ont remporté ensemble les 1.000 km du Mugello et les 24 heures de Liège. Ils ont même battu le record de distance et parcouru pas moins de 4.447 kilomètres sur le circuit de Spa-Francorchamps, long de 14 kilomètres à l'époque. Un tracé mortellement rapide. En 1976, Chemarin a également remporté le prestigieux Bol d'Or, mais cette fois avec le Britannique Alex George. Chemarin fut donc sacré Champion d'Europe d'endurance cette année-là, seul à la première place, devant Léon qui termina deuxième. Mais en 1977, 1978 et 1979, le duo fut sacré Champion d'Europe, toujours sur une Honda. Durant ces trois années, ils remportèrent à chaque fois le Bol d'Or. En 1978 et 1979, ils ont également enlevé ensemble les 24 heures du Mans. Entre 1977 et 1980, ils se sont aussi imposés sur les 1.000 km de Misano (1978), les 8 heures du Nürburgring (1978, 1979 et 1980) et les 24 heures de Barcelone (1978 et 1979).

Malheureusement, Christian Léon se tuera en 1980 lors d'essais routiers, mettant de facto fin au duo. Mais la légende Chemarin/Léon est éternelle.